Mots clés : PQR, Presse Quotidienne Régionale, Hersant Média, Groupe Sud Ouest,Groupe Crédit Mutuel
INFOGRAPHIE- Le groupe Hersant Média suscite la convoitise de plusieurs investisseurs. Ailleurs en France, les difficultés s'amoncellent pour les titres régionaux.
Gros temps pour la presse quotidienne régionale. Il y a deux semaines, le Groupe Sud Ouest, éditeur du quotidien aquitain, a annoncé un sévère plan de restructuration: 180 postes visés sur 1 040 (18 % des effectifs) pour économiser 12 millions d'euros. La baisse des ventes conjuguée au marasme du marché publicitaire devrait aboutir à un résultat courant négatif de 3 millions d'euros cette année. Dans le groupe, Midi libre, L'Indépendant etCentre Presse, rachetés en 2007, ont eux aussi mis en place un plan de départ de 150 personnes.
Sur la carte de France de la PQR, il n'y a guère que La Dépêche du Midi qui se porte bien. Pourtant considéré comme un modèle de gestion et d'investissement à pas mesurés, le très indépendant Le Télégramme, à Brest, vient de réduire sa pagination et préparerait un plan d'économie. MêmeOuest-France, considéré comme le plus solide des titres régionaux, commence à flancher. Selon plusieurs sources, le groupe Sipa Ouest-France devrait rester dans le vert en 2012, notamment grâce à sa filiale Publihebdos (58 hebdomadaires régionaux), à La Presse de la Manche ou via ses nombreuses participations. Mais le quotidien pourrait boucler son exercice sur une perte - historique - allant jusqu'à 5 ou 6 millions d'euros, selon plusieurs sources.
«Comme aimait à le dire Jean-François Lemoîne, l'ancien patron du groupe Sud Ouest décédé en 2001, quand Ouest-France se met à tousser, tous les journaux régionaux sont sérieusement enrhumés, rappelle Jean-Clément Texier, un banquier d'affaires grand spécialiste de la presse. Au stade actuel de la presse, nous avons dépassé la fin de cycle. Le secteur devient une filière de liquidation, même s'il y a encore des logiques de rebond à tenter.»
Consolidation
L'offre conjointe de la famille Hersant et de Bernard Tapie pour racheter le Groupe Hersant Média entre dans ce dernier cas de figure. Pour Jean-Clément Texier, «c'est l'antithèse parfaite d'un Michel Lucas qui, lui, mise sur la consolidation du secteur et la mutualisation des coûts». Ce dernier, actuel président du Groupe Crédit mutuel, est le Citizen Kane de l'Est. Il a constitué depuis 2005 le deuxième groupe de presse régionale, Ebra, qui contrôle notamment Le Progrès, Le Dauphiné libéré, L'Est républicain ou Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Il a annoncé cet été la mise en place d'une structure commune aux différents journaux du groupe pour les informations nationales et internationales.
Tous les patrons de presse ont la même obsession: raboter dans tous les sens à mesure que les recettes de diffusion et de publicité s'évanouissent. Mais le rythme de réduction des coûts, et surtout le volume de ces économies, n'est pas en ligne avec l'accélération de la baisse des chiffres d'affaires. L'épisode Hersant marque peut-être un tournant, qui verrait se profiler la prédiction faite par le patron du groupe belge Rossel, propriétaire de La Voix du Nordet qui est en passe de racheter à Hersant L'Union-L'Ardennais et L'Est Éclair: il n'y aura à terme de la place que pour deux ou trois acteurs.
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